Le mathématicien Alan Turing, l’un des pères de l’informatique, publia en 1952 un article intitulé “The Chemical Basis of Morphogenesis”. Sa contribution à la théorie des systèmes fut majeure : elle permit d’expliquer comment des éléments simples, pris séparément, peuvent former des systèmes complexes, par associations. Turing espérait fournir un cadre explicatif à la formation de structures biologiques complexes telles les synapses à l’intérieur du cerveau. Ces observations autorisèrent l’analyse approfondie de la formation de nombreux systèmes autogénératifs, aux propriétés fractales, dans les domaines de l’astronomie, de la dynamique des fluides, de la biologie ou encore de la cristallographie. L’approche de Turing a également favorisé leur modélisation computationnelle.

 

En 2012, Donatien Aubert a eu l’opportunité de travailler au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), à Paris, avec l’assistance d’Éric Laval, spécialisé dans la microscopie électronique à balayage (MEB). Avec le scientifique, il a tiré des images de cristaux présentant des qualités fractales. Base formelle no1 est la série qui regroupe ces différentes images capturées au MEB.

 

Le canon à électrons envoie des particules chargées à la surface de l'objet à observer. Celui-ci réémet des particules qui sont ensuite captées par une sonde. Les niveaux de gris de l'image dépendent du nombre de particules émises : plus l'objet à observer réémet de particules, plus les niveaux tendent à leur maximum (plus l'image apparaît blanche) et réciproquement.

 

Fasciné par les structures apparaissant dans les relevés, Donatien Aubert a entamé une série de maquettes et de sculptures révélant l’écart existant entre leurs occurrences naturelles, incorporant des artefacts divers, et leurs représentations mathématiques abstraites (voir notamment Flocon et Galaxie spirale).

 

Il a accompagné ces objets d’une installation interactive (Matrice no1) : un tapis sensitif, déclenchant en présence de visiteurs, l’énonciation d’un discours portant sur les différentes acceptations conceptuelles de l’expression matrice. Le discours était décomposé en segments audio plus ou moins courts, recomposés dans l’ordre lorsque l’interactant s’avançait jusqu’au bout de l’installation.

 

La réalisation de la série Base Formelle no1 a été rendue possible grâce au soutien de l'ARC (Atelier de Recherche et de Création) Objet Non Standard, qui a permis la collaboration entre des artistes de l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy et des scientifiques partenaires. L'ARC était tenu par Jacques-Emile Bertrand, Anne Pontet, Corinne Le Néün et Michel Paysant.

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