La cybernétique, regroupement de chercheurs à l’origine de la formation des technosciences, outre-Atlantique, a développé des axiomes pendant la Seconde Guerre mondiale (la rétroaction, l’entropie comme notion informationnelle) qui ont été repris dans un nombre important de disciplines, et notamment dans le domaine de l’écologie. La conception de la Terre comme un ensemble fini, défendue par certains écologistes des débuts tels Buckminster Füller (auteur de l’expression Spaceship Earth), ou encore James Lovelock, qui appelaient à une gestion globale et systémique des problèmes mondiaux, afin de prévenir d’éventuels risques existentiels (comme la guerre nucléaire, la montée du niveau des mers, la disparition des ressources alimentaires etc.), s’est transmise dans la littérature contemporaine. En Europe, les écrits des philosophes qui se sont attachés à décrire la conscience biosphérique en émergence, l’écologisation des existences, déchiffrée par Peter Sloterdijk, Bruno Latour ou encore Michel Serres, l’exemplifient.

 

Afin de décrire les nouveaux facteurs géopolitiques que constituent le traitement et la gestion des phénomènes écologiques et climatiques, Donatien Aubert a entrepris de réaliser à partir de décembre 2012, à bord d’un ancien bâtiment de recherche océanographique, un moyen-métrage sur la péninsule Antarctique. Le septième continent bénéficie d’un statut spécial identique à la Station spatiale internationale. Il s’agit de l’unique territoire sur la planète qui soit, selon les traités internationaux, dédié à la paix et à la science. Navires de recherche et de tourisme effectuent dans les eaux australes des opérations de police environnementale. La Dernière péninsule rend compte de cette réalité particulière, unique à ce territoire, et des stratégies déployées par ses résidents pour organiser leur subsistance, malgré l’hostilité de leur espace d’élection.

Le film montre la désolation du désert de glace et l’inadaptation des installations humaines à ses rigueurs extrêmes. La richesse de l’écosystème austral est révélatrice des stratégies de survie déployée par le vivant pour survivre à l’aridité du milieu. La Dernière péninsule présente des humains un peu hagards, dont la présence paraît insignifiante lorsqu’elle est appréciée à l’aune des paysages. Le film a été conçu comme indicateur des moyens qui furent mis en place pour assurer l’installation et la poursuite des activités humaines sur le septième continent.

 

Lieux filmés : Île de la Demi-Lune, Île de la Déception, Baie du Paradis, Île Petermann, Îles Aitcho, Pic Spigot, Port Lockroy, Yankee Harbour, Canal Lemaire.

 

Remerciements à l’équipage, ainsi qu’aux scientifiques et aux guides interviewés : Louise Adie, Andrew Bishop, Pablo Brandeman, Mick Brown, Michelle Van Dijk et Ali Liddle.

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