Histopoi confronte deux modèles architecturaux d’inspiration utopique, ayant pour but de montrer comment les idéaux en matière d’urbanisme ont évolué au cours de la modernité.

 

Une première partie d’Histopoi est composée par une maquette en contreplaqué de peuplier, découpée au jet d’eau, de fortification à l’italienne, typique du XVe siècle et de la Renaissance. Elle est surplombée par trois copies de bâtiments (frittés dans une poudre de gypse et de résine, puis teintés dans la masse grâce à une tête d’impression commandée par ordinateur) figurant dans la peinture de la Cité idéale d’Urbino attribuée à Piero della Francesca. Ces éléments rappellent les villes nouvelles construites à l’époque de la Renaissance, avec leur plan d’organisation rayonnant.

 

Ils entourent une structure complexe dont l’apparence rappelle celle d’un rhizome, également imprimé en 3D. Elle a été conçue par ordinateur grâce à la coalescence de meta-objects, des objets paramétriques qui furent beaucoup utilisés dans les années 1990 pour la simulation de fluides. Ces objets mathématiques ont bénéficié d’une fortune relative en architecture : ils permirent de développer aisément des structures autoportantes dont le dessin s’affranchissait des règles régissant la construction de bâtiments plus traditionnels. Les « blobitectures » et les architectures modulaires apparentées sont l’objet aujourd’hui d’un intérêt marqué en urbanisme.

La juxtaposition de ces différents modèles architecturaux permet de souligner l’évolution du concept d’utopie à travers le temps. À la Renaissance, lorsque le néologisme fait son apparition pour la première fois, grâce à la nouvelle éponyme de Thomas More (1516), la cité idéale suivait un plan d’organisation centralisateur ; aujourd’hui l’imaginaire utopique sert des causes différentes même si le vivant y conserve une place analogue : il s’agit de rendre les limites des agglomérations plus poreuses, de fluidifier le passage des centres villes aux milieux péri-urbains, en les dotant d’une attractivité similaire grâce à la création d’espaces verts et d’installations culturelles, comme le suggèrent des disciplines telles que l’écoconception. Le désir ancien de trouver les moyens de munir les villes d’espaces dédiés à l’agriculture conserve la même importance, comme en témoigne les efforts déployés en recherche et développement autour des fermes verticales.

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