Pendant la Seconde Guerre mondiale est apparu aux États-Unis un nouveau mouvement technoscientifique : la cybernétique. Regroupant un ensemble de disciplines telles que l’analyse et le traitement du signal, la robotique, la neurologie et la psychologie comportementale, elle devait permettre à de nombreux chercheurs outre-Atlantique de fonder une nouvelle science. Ils espéraient celle-ci en mesure de leur conférer un avantage déterminant dans les domaines de la cryptologie, de la géostratégie ou encore de la création de dispositifs tactiques. Croyant en une interchangeabilité des substrats organiques et artificiels, les cybernéticiens pensaient pouvoir modéliser la conscience. Les réductionnismes qu’ils ont introduits (telle l’assimilation du cerveau à une boîte noire), ont permis l’émergence de l’informatique et de l’IA. La prospective militaire a fait sien l’imaginaire cybernéticien. La société dans laquelle nous vivons étant organisée autour de technologies développées primitivement dans cette perspective belliciste, nos représentations du monde s’en détachent avec difficulté. Cybernetics: From 1942 Onwards en propose un bilan.

 

La section Displays de Cybernetics regroupe six vitrines interactives. En l’absence de visiteurs, elles restent éteintes (ne diffusant qu'une discrète lumière tamisée) et leur contenu est occulté par une vitre translucide. À contrario, lorsque le public s’approche de l’une d’entre elles, sa vitre de séparation devient transparente (grâce à un film à cristaux liquides, à occultation variable) et son contenu est soudainement illuminé, révélant à chaque reprise une impression 3D confrontée à une image d’archive et un film d’animation d’une minute environ. Le plaisir ludique retiré de l’activation du dispositif est rapidement oblitéré par l’angoissante certitude de se savoir surveillé.

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