Cocktail est le fruit d’une collaboration entre le Studio Pratiques Algorithmiques de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy et le Département des Arts Plastiques de l’Université Paris VIII.

 

Cette performance a été réalisée dans le cadre du Festival Hors Pistes, organisé au Centre Georges Pompidou chaque année, intitulée “Scalability” pour son édition de 2013. Cocktail est montré grâce à un dispositif scénique pour huit personnes (cinq joueurs, un monteur image et deux monteurs son) faisant face à une projection sur grand écran. Les joueurs déambulent dans un environnement interactif tridimensionnel généré par ordinateur. La simulation incorpore une représentation du Centre Pompidou. Le monteur sélectionne les vues subjectives des joueurs, qui sont alors vidéo-projetées. Ce travail d’éditorialisation participe de la création d’un film, monté en direct. La déambulation des joueurs dans les espaces d’exposition, déclenche des événements imprévus qui perturbent l’architecture du musée virtuel : les œuvres fondent et inondent les salles, submergeant bientôt tout le musée.

 

La performance se déroule comme si les joueurs s’appliquaient à déjouer les pièges d’un Survival Horror (un genre de jeu vidéo demandant des interactants qu’ils s’échappent d’un environnement conçu pour son hostilité). Ils sont contraints de fuir d’un étage au suivant alors que le musée est lentement inondé par ses collections. Convoquer l’imaginaire de la catastrophe a permis aux équipes de l’ENSAPC et de Paris VIII de réinvestir narrativement les motivations idéologiques et architecturales qui présidèrent à la conception du musée par le Britannique Richard Rogers et l’Italien Renzo Piano. Le Centre Pompidou (1977) a été pensé dans le prolongement des expérimentations architecturales bioclimatiques (comme les œuvres de Buckminster Fuller et du mouvement Dymaxion ou encore les projets de Cedric Price et d’Archigram). En resituant au sein du musée une catastrophe d’ampleur, la performance fait écho à l’imaginaire science-fictionnel qui avait motivé la construction du musée et qui le rendit populaire dès son inauguration.

 

Chaque étage, soutenu par des mégapoutres de cinquante mètres de portée, utilisées dans tout l’édifice pour assurer la polyvalence de ses espaces d’exposition, devait rester totalement ouvert : les œuvres exposées devaient pouvoir être contemplées sans que la vue des visiteurs ne soit arrêtée par un mur, et ainsi se confondre avec l’horizon parisien, que les boyaux de verre du musée laissaient parfaitement visible. Le musée permettait ainsi une inscription des œuvres dans le paysage politique défini par le centre-ville de Paris. Ce choix architectural devait aussi permettre de faire dialoguer ensemble les œuvres sans qu’elles soient séparées par des cimaises contraignant leur interprétation. La performance Cocktail, plutôt que d’abattre les murs intérieurs du centre d’art, rend au projet architectural sa radicalité d’origine en donnant aux œuvres d’être mêlées les unes aux autres une nouvelle fois (à travers une fonte impromptue !).

 

Cocktail a été réalisé par Méryll Ampe, Donatien Aubert, Raphaël Faon, Laëtitia Ferrer, Galdric Fleury, Antoine Fontaine, Nicolas Gourault, Martina Margini, Won Park, Andrès Salgado, Quentin Strauss, Sandra Suárez, Maï Ueda, avec l’assistance de Jeff Guess, Gwenola Wagon et Raphaël Kuntz.

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